À la rencontre de Mara Joly
Autrice, réalisatrice et productrice : rien nʼest à lʼépreuve de Mara Joly. Née au Québec et fille dʼune mère afro-américaine et dʼun père blanc, son parcours lʼa menée en bas âge en France, au Sénégal, au Gabon et en Afrique du Sud, avant quʼelle ne pose ses valises à Montréal.
« Jʼavais besoin de faire quelque chose en phase avec mes valeurs. Je voulais aussi refléter le Montréal que je connais », confie-t-elle en vidéoconférence depuis le Kenya.
Ce « quelque chose » est Après le déluge. Diffusée sur Noovo et Crave à lʼautomne 2023, cette série raconte le parcours dʼune policière (Penande Estime) qui initie quatre jeunes aux arts martiaux mixtes afin de leur éviter un casier judiciaire.
Pour écrire son scénario, Mara Joly sʼest notamment inspirée de son parcours personnel. « Je viens d’un milieu rough, avoue-t-elle. Les arts martiaux ont changé ma vie et celle de mon jeune frère. »
La créatrice a veillé à ce que les quatre premiers rôles soient joués par des interprètes issus de communautés sous-représentées.
« Cʼest sûr que jʼespère que [la série] aura un impact positif déterminant, concède celle qui a aussi signé et réalisé la série La maison des folles. Les personnes issues de minorités sexuelles, culturelles et ethniques ont le droit dʼexister à lʼécran. Elles peuvent parler dʼelles-mêmes, et non pas par lʼentremise de gens qui nous répètent quʼils ont le savoir et le pouvoir, et qui le gardent. »
Une situation que connaît trop bien Mara Joly pour lʼavoir vécue durant les préparatifs dʼAprès le déluge. « Certains producteurs voulaient blanchir les rôles pour avoir des vedettes, se rappelle-t-elle. Ils disaient que cʼétait une demande du diffuseur, ce qui était faux. Le Fonds des médias du Canada (FMC) mʼa permis de protéger lʼœuvre en devenant co-productrice (ZAMA Productions qu'elle a fondé en compagnie de Miryam Charles produit Après le déluge avec Zone3).
Sans cela, peut-être que mes personnages principaux seraient blancs et quʼune autre personne aurait réalisé ce projet, car je lʼaurais quitté dʼemblée. »
Le FMC a également bonifié lʼenveloppe budgétaire de cette série ambitieuse dotée de nombreux personnages, combats et cascades. Un apport qui se fait ressentir à tous les instants.
« Ce ne sont pas toutes les personnes devant ou derrière la caméra qui avaient de lʼexpérience. Il a donc fallu les former pendant quʼelles faisaient leur job, relate celle qui a déjà rédigé la seconde saison d’Après le déluge et qui souhaite éventuellement faire de la mise en scène pour le cinéma. Ça prend du temps et des moyens, et ces personnes ont appris énormément pendant le tournage. »
- Par Martin Gignac