Conseils d’expert: comment vendre votre projet à Netflix
Quatre mois après l’annonce par Netflix de l’investissement de 500 millions de dollars canadiens dans des productions originales au Canada, celle qui est aujourd’hui l’ancienne vice-présidente au contenu de Netflix, Elizabeth Bradley, a expliqué aux producteurs comment procéder pour que leurs émissions soient diffusées sur la plateforme.
Cinq ans se sont écoulés depuis la commande de la première série originale de Netflix, House of Cards, dont les 26 épisodes avaient été financés à hauteur de 100 millions de dollars. La série a marqué un moment tournant en matière de programmation notamment avec l’importance accordée aux données pour orienter sa création et sa promotion.
Avant l’annonce de l’investissement de Netflix au Canada, un certain nombre de producteurs canadiens avaient déjà réussi à travailler en partenariat avec la plateforme. Certains de ces partenariats ont pris la forme de fenêtres additionnelles pour la présentation de contenu produit initialement pour le compte de diffuseurs, tandis que d’autres ont pris la forme de collaborations pour créer du contenu original.
À cette deuxième catégorie appartiennent Travelers, Frontier, Alias Grace et l’adaptation d’Anne of Green Gables (simplement Anne lorsque diffusée par CBC ou Anne with an E sur Netflix).
Que recherche Netflix?
Interrogée sur ce que recherche Netflix en matière de genres, Elizabeth Bradley a répondu : « Tout. »
Qu’il s’agisse de science-fiction, de suspense, de dramatique, de comédie ou encore d’une nouvelle version d’Anne of Green Gables, elle a affirmé que les principales questions que les scénaristes et les producteurs doivent se poser sont celles-ci : En quoi est-ce excitant? En quoi est-ce différent?
Bradley a fait valoir que, une fois que Netflix a confiance en la vision d’un producteur, les autres morceaux se mettent place. « Les détails entourant la réalisation et la distribution ne sont pas essentiels à nos yeux. »
« Nous pouvons nous occuper de la distribution et du réalisateur. Par contre, ce dont NOUS NE POUVONS NOUS CHARGER est une scénarisation et un storytelling extraordinaires. »
Une histoire qui résonne partout sur la planète
Bradley a poursuivi en ces termes : « Lorsque Moira [Walley-Beckett] et Miranda [de Pencier] m’ont présenté un scénario pour Anne (et il est important d’arriver à la table avec un scénario, a-t-elle fait valoir), elles avaient une interprétation lucide et fondée que nous savions résonnerait partout sur la planète. »
Et il ne s’agissait pas d’un retour pur et simple à la version 1908 d’Anne of Green Gables. La Vancouvéroise Walley-Beckett est arrivée au projet forte de ses prix Emmy remportés pour sa scénarisation de Breaking Bad, une série certainement de son époque, et comptait d’emblée adapter le personnage d’Anne et la narrative au 21e siècle.
« Nous savions que ce serait un succès international », a affirmé Bradley.
C’est une intuition qui s’est avérée fondée. Anne with an E a été l’une des émissions les plus regardées en rafale sur Netflix partout sur la planète en 2017. En effet, la fillette à la chevelure rousse la plus célèbre de l’Île-du-Prince-Édouard a séduit des publics jusqu’en Corée du Sud, en Inde et en Afrique du Sud.
Donc, qu’est-ce qui fait en sorte qu’une émission plaise à un public mondial? Certains soutiennent que tourner dans de multiples endroits différents autour de la planète résout le problème, mais Bradley a mis en garde que ce n’était pas si simple.
« Si vous êtes assis avec un ami au Japon et vous comprenez tous deux ce que vous regardez ou encore si vous avez ce genre d’histoire qui se raconte n’importe où dans le monde, voilà ce que nous voulons. »
En plus d’histoires qui ne connaissent aucune frontière culturelle ou géographique, il y a certaines questions logistiques à garder à l’esprit avant d’essayer de vendre votre projet à Netflix. C’est pourquoi Bradley recommande de faire équipe avec un agent, un gestionnaire ou un avocat.
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L’importance de travailler en partenariat avec un diffuseur ou distributeur canadien
Dans le cadre d’une entrevue accordée en janvier 2018 au magazine Indiescreen de la Canadian Media Producers Association, Corie Wright, directrice de la politique publique mondiale de Netflix, a partagé quelques conseils additionnels pour les producteurs canadiens.
« De nombreuses personnes ne se rendent pas compte que Netflix n’est pas en mesure de produire du contenu canadien certifié sans travailler en partenariat avec un diffuseur canadien ou un distributeur canadien indépendant. C’est pour cette raison que tous nos contenus originaux sont l’œuvre de coproductions avec des diffuseurs canadiens.
D’autres œuvres originales de Netflix comme la reprise de la série Trailer Park Boys et le film ARQ du réalisateur canadien Tony Elliott mettent en vedette beaucoup de créativité et de talents canadiens et satisfont plusieurs des critères établis pour le contenu canadien, mais ils ne n’ont pas la certification officielle parce qu’il nous est impossible de faire certifier du contenu canadien de notre propre initiative. »
Réitérant l’intérêt fondamental qu’a la plateforme de proposer une programmation de la plus grande qualité à des auditoires diversifiés et dispersés, Wright a affirmé ceci :
« Nous tentons d’éviter l’étiquetage à outrance et axons plutôt nos efforts sur la réalisation de superbes films et émissions télévisées. »