Écosystème entrepreneurial – Le Cap
La scène technologique de l’Afrique regorge de potentiel. Si l’extraction des ressources demeure le principal moteur des économies les plus importantes du continent, la prolifération des appareils connectés à Internet crée de nouvelles occasions. Les principaux pôles numériques sont Nairobi, au Kenya; Lagos, au Nigeria; et Le Cap, en Afrique du Sud.
C’est l’Afrique du Sud qui arrive en tête des pays africains comptant le plus de très bien nantis, 30 % des 163 000 millionnaires du continent y habitant, pour une richesse combinée de 670 milliards de dollars.
Si Johannesburg compte plus d’habitants et attire plus d’argent que les autres villes sud-africaines, il s’agit d’une ville de grandes sociétés et, par conséquent, la majorité des gens d’affaires talentueux finissent par travailler dans l’une de celles-ci, plutôt que de mettre sur pied des entreprises en démarrage.
Situé aux confins du continent africain, entre océan et montagne, Le Cap offre le décor pittoresque d’une scène de startups florissante. Selon le sondage 2015 auprès de l’industrie du capital de risque de la South African Venture Capital and Private Equity Association, Le Cap supplante Johannesburg à titre de principal centre du financement par capital de risque depuis les quatre dernières années.
Par conséquent, la plupart des entreprises en démarrage sont établies au Cap plutôt qu’à Johannesburg. En fait, il y a 50 % de plus d’activités de capital de risque au Cap; par ailleurs, 59 % des entrepreneurs d’Afrique du Sud proviennent du Cap, et 29 %, de Johannesburg.
Des lieux abordables pour vivre, travailler et se réunir
Outre sa beauté naturelle, Le Cap est le foyer d’une culture de la créativité trépidante qui lui a permis de ravir le titre de Capitale mondiale du design en 2014. Au cours des dernières années, la revitalisation du quartier Woodstock, avec la création de l’Old Biscuit Mill et du Woodstock Exchange, a attiré une grande densité de talents créatifs et entrepreneuriaux.
Bon nombre d’espaces partagés de travail et d’accélérateurs ont donc ouvert leurs portes dans le secteur, notamment Daddyo, The Bureau, The Bandwidth Barn et Cape Town Garage. Le quartier Waterfront abrite également une scène entrepreneuriale vivante, surtout depuis l’ouverture de Workshop 17 en 2015.
Ces secteurs accueillent de nombreux événements, accélérateurs et espaces partagés de travail, mais on trouve également des bureaux d’entreprises en démarrage dans le quartier des affaires.
OPEN from mark on Vimeo.
En raison de la taille relativement petite du Cap, tous ces quartiers sont accessibles et contribuent à la densité d’entreprises, plus élevée qu’à Johannesburg.
Les entreprises en démarrage ont également accès à un certain nombre d’accélérateurs et d’incubateurs. Certaines de ces initiatives sont menées par le gouvernement et des universités, dont The Bandwidth Barn, Launch Lab et la Silicon Cape Initiative. D’autres sont gérées par des fonds privés, notamment Raizcorp, Grindstone Accelerator et 88mph.
Recyclage entrepreneurial
Dans son article Why Cape Town has emerged as the biggest startup hub on the African continent, Jacques Coetzee, reporter attaché au Venture Burn, fait remonter les débuts de la scène capétonienne des entreprises en démarrage à 1999, année où l’Américaine VeriSign acquiert Thawte, fondée par Mark Shuttleworth par achat d’actions pour 575 millions de dollars américains. Shuttleworth a ensuite constitué HBD Venture Capital, un incubateur et fournisseur de capital de risque.
La firme a ensuite assisté à des retraits fructueux, notamment ceux de Fundamo, CSense Systems et Clicks2Customers. Actuellement, c’est la société de capital de risque Knife Capital qui est responsable du portefeuille de la firme ainsi que de l’achat d’iKubu par Garmin, en 2015.
Wayne Gosling et Daniel Guasco ont fondé Twangoo en juin 2010, et l’ont vendue à Groupon dans les 12 mois suivants. Ils ont fait croître Groupon SA, qui est maintenant l’un des sites de commerce électronique les plus populaires de toute l’Afrique, et s’en sont récemment retirés pour entreprendre d’autres projets.
Vinny Lingham, un autre entrepreneur sud-africain de premier plan, a fondé Gyft, une application pratique qui permet aux consommateurs d’acheter, de stocker, d’envoyer ou d’échanger des cartes-cadeaux à l’aide de leur appareil mobile. Lingham est également un investisseur providentiel actif.
Si la scène capétonienne des entreprises en démarrage n’a que 15 ans, elle a néanmoins assisté à des retraits fructueux et a vu des entrepreneurs réinvestir dans la collectivité en mettant sur pied des fonds ou d’autres entreprises.
Conclusion
La richesse, la beauté naturelle et les quartiers créatifs du Cap constituent un cadre idéal pour sa densité d’entreprises, à la hausse. Des retraits fructueux se sont produits et continuent de se produire, et les entrepreneurs investissent leur temps et leur capital dans la collectivité — voilà qui augure bien pour assurer une croissance soutenue.
Cependant, contrairement à Malmö ou à Bogotá, cette collectivité est en croissance malgré un ahurissant taux de chômage de 25 %. Différents programmes ont été mis sur pied pour explorer la façon de tirer profit des tendances et technologies numériques afin de le faire reculer.
Avec 25 % de la population sans emploi, une vaste source de potentiel humain demeure inexploitée. Les récents gains dans le renforcement du secteur des technologies pourraient contribuer à soulager les difficultés économiques dans le reste du pays.