La réalisation d’un documentaire interactif transfrontalier : I Spy (With My Five Eyes)
Le documentaire interactif I Spy (With My Five Eyes) est un projet de coproduction internationale ayant reçu du financement du Programme de coproduction Canada–Nouvelle-Zélande en médias numériques.
Le principal problème auquel la plupart des cinéastes font face lorsqu’ils sont de retour à leur studio après avoir tourné n’est pas qu’ils ont trop peu de métrage, mais plutôt qu’ils en ont trop. C’est un problème auquel un groupe de cinéastes et de technologues du Canada et de la Nouvelle-Zélande ont décidé de s’attaquer dans le cadre d’un projet de documentaire interactif intitulé I Spy (With My Five Eyes).
« Vous finissez par exclure beaucoup de petits bouts intéressants lorsque vous devez raccourcir [votre documentaire] pour respecter une longueur donnée », explique Carthew Neal, un producteur vidéo néo-zélandais avec Fumes, la maison de production derrière le projet.
« Y avait-il une façon de plaire aux auditoires qui souhaitaient interagir davantage et avoir accès à plus d’information [en regardant le documentaire]? »
La maison néo-zélandaise Fumes a décidé de travailler en partenariat avec Jam3, le studio torontois de conception d’expériences récompensé auquel nous devons Bear 71, pour créer I Spy (With My Five Eyes), un documentaire interactif qui présente une expérience à niveaux multiples.
Partenariat avec Jam3 de Toronto
Le documentaire porte sur la façon dont cinq grandes nations anglophones (la Nouvelle-Zélande, l’Australie, le Canada, les États-Unis et le Royaume-Uni) partagent des renseignements en ligne entre elles au nom de la sécurité internationale. De plus, le documentaire fait le point sur les critiques qu’essuient ces nations parce qu’on juge qu’elles partagent trop de renseignements personnels sur leurs citoyens. I Spy ne se prononce pas sur la question, mais cherche plutôt à provoquer une réflexion sur l’enjeu.
Après en être venus à l’idée du documentaire, les gens de Fumes ont approché Jam3 pour les aider à développer un site Web qui accompagnerait le documentaire.
« D’entrée de jeu, l’histoire s’est avérée très captivante, très pertinente et très intéressante », confie Heather Phenix de Jam3. « [Ce fut] vraiment formidable de travailler avec eux et d’avoir des échanges sains sur les meilleures façons de raconter l’histoire. »
Fumes a parcouru la planète pendant six mois pour tourner tout ce dont elle avait besoin pour raconter l’histoire. A suivi un défi de taille, celui du montage. L’objectif était de raconter l’histoire par une série de courtes vidéos ainsi que d’utiliser des éléments interactifs pour rendre accessibles aux gens intéressés par un format plus long plus de renseignements ainsi que des détails et des introspections. Les deux versions du documentaire devaient proposer indépendamment l’une de l’autre une expérience enrichissante et envoûtante.
« Ce fut en quelque sorte une forme de gymnastique mentale. Nous devions nous assurer que tous les morceaux du casse-tête étaient réunis, peu importe la façon de vivre l’histoire », explique Neal.
Création du site Web
Une fois que tout avait été tourné, Fumes a fait parvenir le métrage à l’équipe de Jam3 à Toronto pour créer l’expérience du site Web. Une maquette préliminaire a été conçue permettant de vivre l’expérience sur un ordinateur de bureau, un appareil mobile ou une tablette. Ensuite, l’équipe a dû décider comment elle mettrait tout le contenu reçu ensemble.
« Je pense que nous avons été très impressionnés par la qualité du contenu que nous avons reçu… Pour moi personnellement, ce fut une étape très agréable du projet », avoue Phenix.
Étant donné que les deux équipes se trouvaient à des bouts opposés du globe, elles ont coordonné leur travail en passant des heures au téléphone et ont tenu un nombre limité de rencontres en personne. Chaque équipe a joué un rôle plus important que l’autre à différentes étapes du projet.
Regarder le documentaire devient une expérience différente en soi par rapport à simplement le regarder sur YouTube ou Netflix, car le téléspectateur participe activement au processus. I Spyoffre à l’auditoire la possibilité de choisir la prochaine partie de l’histoire qu’il souhaite regarder. L’auditoire a donc un choix quant à la profondeur à laquelle il souhaite entrer dans l’histoire.
« L’histoire propose plusieurs couches. C’est un peu comme peler un oignon. Vous pouvez y aller en profondeur ou rester à la surface. Tout dépend de l’ampleur de ce que vous voulez ou devez savoir », explique Phenix.
Une expérience qui encourage l'engagement
L’interaction est au cœur de l’expérience I Spy. Le téléspectateur peut interagir avec le contenu grâce à une fonction de commentaire intégrée dans la vidéo qui lui permet de commenter des moments précis de l’histoire directement dans un chapitre.
Selon Heather Phenix, le format interactif fait en sorte que les gens qui regardent le documentaire deviennent plus engagés dans le processus.
Fumes et Jam3 ont eu recours aux médias sociaux et à d’autres canaux pour promouvoir leur documentaire indépendant. I Spy a été accueilli très positivement et a reçu l’or aux ADCC Awardsdans la catégorie du meilleur site Web en plus de remporter l’argent dans la catégorie « éducation et information ». Aussi, Jam3 s’est vu décerner le prix de l’agence interactive de l’année.
Le financement du FMC et de NZ On Air : un moteur de créativité
Grâce au financement que ces équipes ont reçu du Fonds des médias du Canada et de NZ On Air, elles ont pu faire preuve d’une plus grande créativité et ont bénéficié d’une plus grande souplesse en matière de contenu et de conception de l’expérience.
« Nous jouissons d’une liberté beaucoup plus grande pour développer des idées originales avec des partenaires qui cherchent à faire de même. La collaboration est beaucoup plus passionnante et intéressante. Pour moi personnellement, ce sont les projets sur lesquels j’aime le plus travailler », affirme Phenix.
L’équipe a reçu un financement total de 400 000 $, soit 200 000 $ du Fonds des médias du Canada et 200 000 $ de NZ On Air.
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