Magnats nouveau genre (Partie 1)
Il y a quelques jours, après Machinima, Maker Studios et autres producteurs indigènes de contenus vidéo sur le Web, deux autres marques vedettes du Web ont bouclé une première ronde de financement privé, soit BalconyTv et AwesomenessTV.
Le pari que prennent des firmes de capital de risque comme Greycroft Partners, MK Capital, New World Ventures et Polaris Venture Partners est que ces producteurs natifs du Web, qui sont déployés sur des chaînes comme YouTube, sur leurs propres plateformes et sur les réseaux sociaux, puissent devenir rapidement des médias à part entière, offrant des contenus à la fois diversifiés et taillés sur mesure pour un auditoire engagé, fidèle et mondial.
Dans le présent billet et celui qui suivra, nous présentons et analysons l’histoire des quatre entreprises nommées précédemment. Bien que chacune ait sa particularité quant au type de contenu proposé et au degré de maturité, ces quatre succès ont en commun d’être emblématiques de ce que les analystes en capital de risque nomment désormais la « troisième vague » de la programmation de contenu.
« Il s’agit de la troisième vague de programmation, de la télévision au câble à YouTube, a déclaré Mark Terbeek, partenaire de MK Capital, qui a mené la ronde de financement de 3,5 millions de dollars d’AwesomenessTV. Puisque la distribution est essentiellement gratuite, la rentabilité de YouTube est nettement supérieure. » (source)
Machinima, Maker Studios, BalconyTV et AwesomenessTV ont également ceci en commun que leur capital de risque provient d’Hollywood et de la Silicon Valley. Ici réside toute la nouveauté de ce phénomène : le capital techno se dirige vers les contenus, et le capital contenu s’intéresse au techno.
Lorsque YouTube a commencé à déployer sa stratégie de chaînes consacrées à du contenu original pour sa plateforme et que l’entreprise a annoncé une première ronde d’avances de 100 millions de dollars destinée à cette initiative, nombreux sont ceux qui redoutaient l’omniprésence de canaux animés par les stars, les vedettes du sport ou de la musique populaire ; ces gens connus y arrivent en effet. Toutefois, des joueurs tout aussi aguerris, issus des rangs des partenaires historiques de la plateforme, ont pris le haut du pavé.
Le fait que ces producteurs de contenus attirent des investisseurs cherchant le même degré d’innovation, la même détermination de croissance et la même mentalité de « lean startup » que les compagnies en techno est-il annonciateur d’un changement de culture ? Assiste-t-on plutôt à la migration d’une frange du talent et des investisseurs hollywoodiens vers une culture techno experte en compréhension du Web ? Cette mixité de provenances et de compétences consolidera-t-elle ces succès ?
Machinima
Machinima est un gigantesque réseau d’amateurs de jeux vidéo, de créateurs, remonteurs et bidouilleurs de cinématique et de jeux mené depuis 2005 par Allen et Philip DeBevoise. On propose aux 191 millions de visiteurs des contenus très ciblés, des applications et des outils, mais surtout une plateforme d’animation de communauté extrêmement efficace. La marque occupe la position de tête parmi les chaînes de divertissement sur YouTube grâce à une moyenne mensuelle de 2,1 milliards de visionnements. L’histoire du mouvement Machinima, né au début des années 2000 sous la houlette de Hugh Hancock, de sa mutation en marque et finalement en Machinima Inc. a été documentée en deux volets (ici et là) par un admirateur, David Silverberg.
Depuis la mise en ligne de ces deux vidéo-documentaires en août 2011, une quatrième ronde de financement a été conclue, pilotée par Google, aux côtés de MK Capital et de Redpoint Ventures, partenaires des trois autres rondes. Les DeBevoise ont souvent expliqué leur stratégie : même si la qualité de quelques contributions laisse à désirer, Machinima version 2012 est le poster child des partenaires YouTube. La compagnie s’est concentrée sur un seul portail, et AllenDe Bevoise investit même désormais dans d’autres contenus de la plateforme vidéo que les siens, dont AwesomenessTV, dont nous parlerons dans le prochain billet.
Pour l’heure, voici ce que Philip DeBevoise envisage pour l’avenir :