Vision numérique: entrevue avec Tishna Molla
Dans le cadre de l’évaluation des projets soumis au volet expérimental, le FMC fait appel à des experts internationaux de grand calibre. Dans la sérieVision numérique, nous vous présentons des entrevues menées auprès de certains membres de nos jurys passés visant simplement à nous laisser s'inspirer de grands esprits qui façonnent notre industrie. Nous remercions chaleureusement tous les membres de nos jurys ainsi que ceux qui ont gentiment accepté de répondre à nos questions. Il est d’ailleurs possible de consulter la liste de tous les membres du jury depuis la création du volet expérimental.
Dans cette entrevue, Mme Tishna Molla partage quelques réflexions avec nous. Mme Molla est directrice de l’exploitation de Power to the Pixel (PttP). Elle a un intérêt marqué pour trouver de nouveaux moyens permettant aux créateurs de contenu et aux entreprises de créer, financer et distribuer des productions mobilisant des auditoires sur des plateformes multiples. Aussi, elle produit annuellement le Cross-Media Forum de renommée mondiale de PttP à Londres (biographie complète de Tishna Molla)
Mme Molla, lorsque vous pensez à votre travail de directrice de l’exploitation de Power to the Pixel...
Qu’avez-vous observé de plus étonnant ou de plus stimulant dans votre domaine au cours des trois dernières années?
Il m’est difficile de répondre à cette question étant donné que le paysage médiatique a évolué très, très rapidement au cours de cette période. Je vais donc tricher un peu et répondre plusieurs choses :
Selon moi, l’intégration de la technologie dans la narration est vraiment stimulante, car elle a mené à la démocratisation des médias. J’ai étudié les mathématiques à l’université et je travaille dans des industries créatives depuis ce temps. Donc, la fusion de la science et de la créativité m’intéresse particulièrement. Par contre, c’est probablement parce que l’évolution a été si rapide que nous nous trouvons aujourd’hui dans un environnement d’expérimentation où les règles changent constamment, où aucune personne seule n’a les réponses à tout, où se tromper est de plus en plus perçu comme un pas dans la bonne direction au lieu d’un échec et où de nouvelles perspectives peuvent être prônées.
Qu’est-ce qui vous tient éveillée la nuit?
Les million et une choses qui me passent par la tête en pensant à la gestion de ma petite entreprise. Il m’est difficile de faire le vide!
Comment décririez-vous l’avenir de votre profession en 140 mots ou moins?
Stimulante mais difficile. Il y aura une collaboration accrue entre les entreprises. Les entreprises devront être souples dans leurs façons de penser et d’agir.
À quels changements voudriez-vous assister dans votre domaine au cours de la prochaine année?
J’aimerais qu’un plus grand nombre de possibilités soient offertes aux strates plus défavorisées dans les communautés. Il faut reconnaître que le numérique divise les populations et que cette division empêchera certains segments de la société à saisir de futures occasions. Prenons l’exemple de l’hypothèse selon laquelle tout le monde possède un iPad ou ait accès à une tablette. Au contraire, dans la vraie vie, bien des gens n’ont tout simplement pas les moyens de se procurer un tel appareil. Dans certaines villes – comme Odder au Danemark ou Winnipeg au Canada –, on offre dorénavant des iPad gratuits aux écoliers parce qu’on reconnaît que ces nouvelles plateformes – que certains parents n’ont pas les moyens d’offrir à leurs enfants – peuvent s’avérer de précieux outils d’apprentissage. Dans certaines écoles du Royaume-Uni et d’autres pays, le coût souvent prohibitif de ces appareils est refilé directement aux parents. À plus long terme, j’espère que cela mène à une bien meilleure représentation de la diversité sociale au sein de l’industrie des médias (particulièrement au Royaume-Uni).
Quelles sont les trois choses qui rendent votre travail (ou votre domaine) captivant?
- Travailler avec des personnes curieuses, fonceuses et aimant repousser les limites et tirer des apprentissages de ces personnes.
- Travailler dans un si vaste éventail d’industries – d’une perspective créative et commerciale à la fois – donne un sens à ce que je fais.
- Avoir la possibilité de visiter des endroits que je ne penserais jamais d’emblée visiter et pouvoir vivre des expériences de différentes perspectives culturelles font que je me sens vraiment chanceuse!
Pour terminer, de façon plus générale, qu’est-ce qui vous a inspiré récemment? Quel a été le projet, le livre, l’article, l’exposé ou le point de vue le plus inspirant auquel vous avez été exposé?
J’ai été invitée à assister au festival de musique Punkt à Kristiansand, en Norvège, à la fin de l’été par Kristian Mosvold, une productrice très sympa qui habite là-bas. Le festival et son programme sont organisés par Jan Bang et Erik Honoré, deux musiciens de calibre mondial. Des remix en direct représentent la pierre angulaire du festival. Les festivaliers ont témoigné un tel respect aux musiciens sur scène qu’ils s’exprimaient en chuchotant ou gardaient le silence. Et ils s’abstenaient de prendre des photos ou de filmer au moyen de leur téléphone pendant que les musiciens jouaient. Tout le monde dans l’auditoire était là pour écouter la musique et s’immerger dans l’expérience pendant que les musiciens interprétaient leurs pièces. Être là en direct a été une expérience très inspirante pour moi.
Tishna MollaLondres, Royaume-Uni |
Tishna Molla est directrice de l’exploitation de Power to the Pixel (PttP). Elle a un intérêt marqué pour trouver de nouveaux moyens permettant aux créateurs de contenu et aux entreprises de créer, financer et distribuer des productions mobilisant des auditoires sur des plateformes multiples. Aussi, elle produit annuellement le Cross-Media Forum de renommée mondiale de PttP à Londres et agit comme productrice et mentor pour The Pixel Lab, l’initiative multimédia européenne de la compagnie qui élabore des stratégies commerciales et encourage l’innovation par son travail axé sur des projets.
À intervalles réguliers, elle est invitée à prendre la parole à des festivals et événements internationaux, dont CPH:Dox, Future Media 2.0, Transform@Lab et Women in Digital Publishing (en 2012). De plus, elle est chargée de cours invitée à Royal Holloway - University of London et à Central St. Martin’s - University of the Arts. Elle réalise ses propres projets par l’entremise de Bandit HQ et sa plus récente production s’intitule Dummy Jim (candidate à un Prix Tiger au Festival du film de Rotterdam en 2013 et candidate au Festival international du film d’Édinbourg en 2013). Elle a aussi été candidate au Prix Michael Powell, décerné pour le meilleur long métrage britannique. |