Zú et la propriété intellectuelle artistique: maîtres chez soi, maîtres partout
Après avoir conquis le monde avec le Cirque du Soleil, Guy Laliberté veut propulser les artistes québécois grâce à l’organisme à but non lucratif Zú. À la fois incubateur, accélérateur, espace de cotravail et lieu de diffusion et d’inspiration, le projet installé dans le Complexe-de-La-Maison-Alcan vise à soutenir les créateurs dans une démarche de protection de leur propriété intellectuelle et de commercialisation à l’international.
Visiter les bureaux de Zú avec son directeur par intérim, Guillaume Thérien, c’est sillonner un labyrinthe de couloirs, d’escaliers, d’ascenseurs et de passerelles entre les différents espaces patrimoniaux qui seront rénovés au cours des prochains mois. Au terme d’importants travaux de préservation et de modernisation, l’OSBL créé en 2017 accueillera jusqu’à 300 créateurs, ce qui en fera l’un des plus gros hub créatif en Amérique du Nord.
Lieu de bouillonnement d’idées et d’affaires, Zú – qui signifie « zoo » en écossais – est un clin d’œil à l’initiateur du projet. « Un zoo est un endroit de divertissement et d’apprentissage, explique Guillaume Thérien. Le nom a fait sourire Guy. Il a toujours dit qu’il avait créé un cirque sans animaux et, aujourd’hui, il lance un zoo sans animaux. »
Le Zú campé au coin des rues Sherbrooke et Stanley accueillera des artistes pour les bichonner, les guider et les propulser. « En ce moment, l’industrie créative québécoise est axée sur des fournisseurs de services qui répondent aux mandats de grandes compagnies étrangères, affirme le directeur. Guy nous a mis au défi de trouver la meilleure façon d’équiper les Québécois pour qu’ils deviennent propriétaires de leurs idées. Et ça passe par la propriété intellectuelle. »
L’OSBL offrira de l’encadrement, du soutien financier, du mentorat, de l’équipement, des contacts et des services à la carte. « Nous allons adapter nos services aux forces des personnes. Si elles sont plus entrepreneures, on va leur insuffler de la créativité. Si elles sont davantage créatrices, on va leur injecter de l’entrepreneuriat. On veut les accompagner à différents stades: la naissance d’une idée, un prototype, une entreprise qui a déjà débuté sa commercialisation, etc. »
Afin de concrétiser les ambitions des créateurs, la directon de Zú est formée d’habitués du milieu artistique ayant évolué pour Spectra, Sony musique, Juste pour rire, l’Opéra de Montréal, des agences publicitaires et des acteurs du secteur de l’assurance.
Ils ont investi…Guy Laliberté: 5 M$ |
Pour qui?
Les créateurs qui espèrent séduire le comité de sélection devront tous avoir une chose en commun: détenir une propriété intellectuelle, pouvoir renouveler ou bonifier une propriété intellectuelle existante ou avoir la certitude de pouvoir en développer une nouvelle. « Ça peut être autant technologique que narratif, précise M. Thérien. On veut une idée qui va être développée, protégée et commercialisée. »
Citant à titre d’exemples des créateurs qui auraient pu séduire le jury de Zú dans le passé, il évoque l’émission Un gars, une fille, dont le format et le contenu ont été vendus partout dans le monde, la start up Spoken Adventures, qui utilise la reconnaissance vocale pour créer des histoires dont vous êtes le héros, ainsi que Félix & Paul Studios, qui ont élevé la réalité virtuelle à un niveau supérieur au cours des dernières années.
Lorsqu’on lui demande de prévoir ce qui risque d’attirer l’attention dans le futur, il évoque spontanément la technologie 5G, qui permettra selon lui de transformer les espaces de vie et les futures automobiles autonomes en lieux de divertissement. Cela dit, l’OSBL ne misera pas uniquement sur la technologie. « Une belle expérience humaine et artisanale nous intéressera tout autant si elle a une propriété intellectuelle et le potentiel de croître dans différents milieux ainsi qu’à l’étranger. »
Projets pilotes
Zú ouvrira ses portes aux créateurs en juillet prochain, mais trois groupes d’entrepreneurs ont déjà bénéficié du soutien de l’organisme au cours de la dernière année.
D’abord, Mentorly, mené par Katherine Macnaughton et Ashley Werhun, est une plateforme de collaboration entre les marchés chinois et montréalais dans le domaine de la créativité numérique. « La Chine est un carré de sable extraordinaire, mais très complexe, surtout quand il est question de propriété intellectuelle, affirme M. Thérien. Mentorly propose de mettre en relation des Chinois et des Montréalais issus du milieu des arts pour leur permettre d’échanger leurs pratiques. Zú les a mis en communication avec Jean-Luc Hébert, un mentor extraordinaire, dans le but de les propulser. »
Ensuite, dans le cas d’Affordance Studio, dirigé par Kim Berthiaume, l’idée est de créer un jeu ayant un impact social à l’ère des données ouvertes. « Le studio utilise le parc d’écrans publicitaires à travers la ville pour permettre aux gens d’apprendre et de se divertir en interagissant un peu partout dans le réseau de transport en commun. »
Enfin, Atomic 3 veut réinventer le concept de rassemblement autour d’un feu en recourant à une technologie qui stimule un brasier de lumière grâce à l’activité sur les réseaux sociaux. Auparavant, la compagnie de Louis-Xavier Gagnon-Lebrun et de Félix Dagenais avait l’habitude de répondre à des appels de projets. « On les a encouragés à se concentrer sur un produit, à l’enregistrer et à le commercialiser plutôt que de penser à court terme sur un mandat. »
Un village
Ne manquant pas d’images pour décrire les ambitions de Zú, son directeur compare les installations à un village. « On veut que les créateurs se sentent à la maison dans le milieu de travail. Notre citadelle est un peu comme le temple ou l’église. Les ruelles correspondent aux espaces extérieurs que nous allons mettre sur pied. »
Fait à noter, le hub créatif sera ouvert aux artistes et au public. « L’innovation va être confrontée rapidement au grand public, ce qui donnera une rétroaction rapide aux créateurs pour qu’ils puissent s’adapter. » Aussi, Zú compte organiser des matinées créatives, des 5 à 7 et d’innombrables activités pour inciter les Montréalais à s’approprier les lieux.
Visitez la page Facebook de Zú pour demeurer au fait de leurs activités. Vous pouvez obtenir davantage d’information sur les possibilités de financement en partenariat avec Zú par l’entremise du Programme de partenariat avec des accélérateurs (2PA).