Frontier

Le drame historique Frontier, produit par Take the Shot Productions, se déroule à l’apogée de la traite des fourrures en Amérique du Nord. Les chefs producteurs Alex Patrick, John Vatcher et les frères Peter et Rob Blackie ont d’abord présenté à Discovery un autre projet en gestation depuis longtemps. Le concept a plu au télédiffuseur, qui leur a néanmoins demandé s’ils pouvaient créer une série dramatique sur la traite des fourrures. Discovery croyait que l’équipe qui avait signé Republic of Doyle était en mesure de l’aider à saisir une belle occasion. Tous ont ensuite formé un partenariat avec Netflix pour mettre sur pied une production sur plateformes multiples. L’émission a d’abord été présentée sur Discovery, puis sur Netflix US et CraveTV au Canada.


Le commerce des fourrures (Crédit photo: Duncan de Young)

Peter Blackie a été surpris de découvrir durant ses recherches exhaustives sur la traite des fourrures au Canada qu’on lui en avait dit très peu sur le sujet à l’école secondaire. Il affirme, en cette époque où la décolonisation commence à atteindre une masse critique, que « la série tentera de dévoiler la complexité de la mosaïque culturelle de notre pays et de jeter un regard critique sur ce que nous sommes devenus ». 

L’équipe s’est progressivement aperçue que le traitement réservé aux peuples autochtones d’Amérique du Nord constituait « un acte volontaire que notre nation porte en elle sans le reconnaître, chose qui est inacceptable ». À mesure que la vérité émergeait et qu’il devenait clair que le récit ne devait pas être basé sur une perspective unique, les créateurs de l’émission bénéficiaient d’une véritable leçon d’humilité, ce qui les décida à « regarder le sujet bien en face ». Peter ajoute que son expérience des préjugés dont il a déjà fait l’objet en tant que Terre-Neuvien a fait naître chez lui une certaine empathie. « Nous avons d’abord tenté de comprendre la situation le mieux possible en faisant de la recherche et en consultant des gens. Puis nous nous sommes rendu compte que nous ne pouvions raconter cette histoire qu’en adoptant plusieurs points de vue ». Les personnages ont ensuite commencé à prendre forme et le récit a suivi.


John Vatcher dirige Allan Hawco (Crédit photo: Duncan de Young)

Le traitement des stéréotypes tenaces allait être crucial. Les créateurs ont beaucoup appris sur l’art de la distribution lorsqu’ils ont reçu une lettre touchante et critique d’une Autochtone. Celle-ci signalait les mythes qu’ils perpétueraient s’ils ne repensaient pas certains personnages, surtout ceux des femmes autochtones. Reconnaissant la grande valeur constructive de ses vues, l’équipe a invité Elle-Máijá Tailfeathers, née d’une mère Pied-Noir et d’un père Sami, à devenir sa consultante. Puis on demanda à d’autres Autochtones d’intervenir en tant qu’experts. Certains d’entre eux connaissaient particulièrement les Moskégons, les Cris qui vivent aux alentours de la baie James, lieu principal de tournage. Un « dialogue sain à propos de la vérité » a ainsi pu être établi.

Les frères Blackie ont trouvé leur clé essentielle en créant le personnage central Declan Harp (Jason Momoa), un Métis partageant les cultures de sa mère crie et de son père irlandais. Peter explique qu’un protagoniste métis apportait une vue plus objective et une structure narrative plus souple. Jason, tout comme Declan, est né de parents de cultures différentes. Il est mi-Hawaïen mi-Irlandais américain. Et il est le roi du lancer de la hache, comme Jimmy Kimmel et son auditoire ont pu le constater. Mais à tout autre égard, il est bien différent. John le décrit comme « un homme à l’intelligence émotionnelle qui est aussi enjoué que généreux ». Nous nous attendons à ce que ce véritable ambassadeur de la série aille très loin.


Declan Harp (Jason Mamoa) (Crédit photo: Duncan de Young)

Durant la deuxième saison, Sokanon, une Ojibwé membre du groupe de rebelles de Declan, deviendra un personnage à part entière de Frontier. La talentueuse Jessica Matten campera ce rôle, et d’autres stéréotypes ainsi qu’une bonne dose de moralité ambiguë entreront en scène.

Peter dit aussi qu’en créant une fiction historique, « on a le devoir de situer le récit dans un cadre historique d’une manière ou d’une autre ». Les créateurs y parviennent en conférant de l’authenticité à l’expérience que vivent l’auditoire et les acteurs. John raconte que pour l’épisode 103, Jason et lui ont décidé de filmer une scène à l’extérieur plutôt que sous une tente. C’était en février, et 70 cm de neige recouvraient le sol. « Nous voulions la rendre plus réaliste et planter un décor presque monochrome d’où ressortirait davantage la force du personnage. » Les conditions météorologiques étaient éprouvantes sur les lieux du tournage à St. John’s, dans la province de Terre-Neuve, et chacun devait être prêt à tout, « à changer une lentille en plein blizzard », par exemple. Heureusement, la plupart des membres de l’équipe sont nés dans cette région et sont habitués à ce temps. Certains disent même qu’ils le trouvent stimulant.


Peter Blackie sur le pleateau de tournage (Crédit photo: Duncan de Young)

La deuxième saison sera diffusée cet automne et la troisième est en préparation. L’équipe est très fière d’avoir obtenu sept nominations et remporté un prix dans la catégorie maquillage aux prix Écrans canadiens. Frontier a fait parler d’elle dans le Hollywood Reporter, le Rolling Stone, le New York Times et la plateforme Pop Sugar, et Netflix en fait la promotion dans les infovariétés. Discovery se taille assurément un beau succès. En attendant le prochain chapitre qui sera diffusé dans six mois, regardez à nouveau la première saison sur CraveTV et restez en contact avec l’émission et ses vedettes sur Instagram, Twitter et Facebook

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