L’Heure Bleue
Quitter sa propre existence. Tout abandonner pour changer de vie. Pour plusieurs, c’est une fantaisie qui ne se concrétisera jamais. Mais lorsque cette fuite devient le moyen de laisser un drame derrière soi, l’exil n’est plus un divertissement, mais un mode de survie. C’est ce que les auteurs et producteurs Anne Boyer et Michel d’Astous ont fait vivre à leur personnage Anne-Sophie Moran (Céline Bonnier), dans la série L’Heure bleue. Un succès télévisuel grandissant depuis déjà 3 saisons.
Anne Boyer et Michel d’Astous (Photo par Marili Levac)
2 auteurs, 3 thèmes
« Comment ce serait de changer radicalement de vie ? » se sont questionné les deux scénaristes, alors qu’ils étaient en séance de remue-méninges pour créer une nouvelle série télévisée annuelle. Ils ont imaginé le personnage d’Anne-Sophie, une professionnelle de 50 ans qui coupe les ponts avec ses proches et repart à zéro. « Mais une personne qui part sur un coup de tête, ce n’est pas très sympathique quand elle a des enfants et une famille » raconte Michel d’Astous. « On s’est alors demandé quelles seraient ses motivations, pour que l’on comprenne son désarroi. Je me suis souvenu d’un fait divers que j’avais lu : un père de famille avait quitté le foyer en voiture pour aller travailler et avait frappé son enfant qui faisait du vélo. Je me demandais comment tu peux survivre à la mort d’un enfant dont tu es responsable. On a donc changé les circonstances pour raconter L’Heure bleue. » Les deux auteurs ont aussi voulu parler des enfants différents, et ont choisi de mettre l’accent sur l’hyperactivité du personnage de Guillaume, le fils d’Anne-Sophie. « On a voulu ajouter cet aspect au récit. Il y a plusieurs niveaux à l’hyperactivité et au déficit d’attention. Les parents doivent s’en occuper davantage, et les autres enfants restent un peu sur la touche. On s’est dit que ça pouvait parfois être exigeant pour les familles. C’est tout un défi au quotidien » explique Michel d’Astous. C’est ainsi que trois grands thèmes sont venus façonner la prémisse de L’Heure bleue : le changement de vie, le deuil d’un enfant et les différences causées par un trouble de type TDAH.
L'auteure-productrice Anne Boyer et le réalisateur Stéphan Beaudoin (Photo par Eric Myre)
Se réinventer
Avec L’Heure bleue, Anne Boyer et Michel d’Astous n’en étaient pas à leur premier récit. Ceux qui écrivent ensemble pour la télévision depuis plus de 30 ans agissent aussi à titre de producteurs via Duo Productions depuis près de 15 ans. Cependant, cette nouvelle série avait une approche différente comparativement à ce qu’ils avaient écrit auparavant : « Une série comme Yamaska, par exemple, c’était un téléroman classique. On passait d’une histoire à l’autre dans les familles sans qu’il y ait vraiment de lien commun, sauf leur amitié. Avec L’Heure bleue, il y a quelque chose de plus cinématographique parce qu’on suit l’histoire déconstruite d’un personnage dans sa décision de quitter » relate Michel. Pour L’Heure bleue, les deux auteurs auraient pu s’en tenir à la formule de Yamaska qui a remporté plusieurs prix Gémeaux incluant celui de meilleur téléroman. Comme leur personnage, ils ont plutôt choisi le changement en proposant une approche différente, comme le mentionne Michel : « On tente de ne pas écrire les mêmes choses, dans la même structure, sur le même ton d’une série à l’autre. On a écrit la série policière Le gentleman, on a fait la saga historique Nos étés. On essaie de se mettre un peu en danger comme auteurs, et de raconter une histoire différente chaque fois. »
En plein tournage (Photo par Eric Myre)
Succès renouvelé
Ce changement dans le contenu et dans le style de téléroman semble plaire au public. En effet, depuis ses débuts, la série a obtenu une cote d’écoute surpassant les 1,1 million et trône dans le palmarès des 10 émissions les plus regardées au Québec. Sans compter les prix Gémeaux et la reconnaissance à l’international. Michel d’Astous s'estime privilégié : « On est très content! C’est d’autant plus un succès auprès de l’auditoire, car on fait 24 épisodes par année et le public demeure fidèle. Les habitudes d’écoute des gens changent, et ils regardent L’Heure bleue sur d’autres plateformes, sur le web ou en différé, mais l’appétit pour les récits qui nous touchent reste là. Les gens semblent avoir adopté l’histoire et accepté ce rendez-vous hebdomadaire. On peut penser que notre série rejoint le public visé, et ça, c’est une très grande chance. »
Michel d'Astous et l'équipe de tournage (Photo par Eric Myre)
Le récit qui transforme
Michel d’Astous résume bien en quoi consiste leur travail d’auteurs et producteurs : « Ce qu’on écrit, Anne et moi, c’est un appel à l’ouverture, à la différence. On partage des réflexions et des questions, plutôt que des réponses. Au-delà des choses de production, l’essentiel de notre métier est de toucher les gens, de leur faire vivre une expérience et peut-être de changer leur façon de voir les choses. » Mission accomplie.
Dans L’Heure bleue, le téléspectateur est invité dans une quête émotive où s’entremêlent le choc, le deuil, l’espoir et la métamorphose. L’histoire racontée par Anne Boyer et Michel d’Astous nous rappelle qu’il ne suffit pas de quitter physiquement un lieu pour se transformer. En fait, changer de vie n’est peut-être qu’une façon de devenir soi-même.
Sur le plateau (Photo par Eric Myre)
La saison 3 de L’Heure bleue est diffusée le mardi à 21h à TVA depuis le 11 septembre. Elle est aussi accessible sur TVA.ca. La première saison est offerte sur DVD et les saisons 1 et 2 sont aussi présentées sur Club Illico. Vous pouvez suivre la série sur Facebook et sur le site officiel.