Vidéo sur demande – Qu’est-ce que la VSD ?

En 1997, lorsque le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) s’est penché pour la première fois sur le concept de « vidéo sur demande » (VSD), la capacité de diffuser des vidéos en ligne était tout juste naissante, et YouTube n’allait être créé que huit ans plus tard. Les assistants numériques (PDA) Apple Newton et Palm Pilot étaient ce qui s’approchait le plus des téléphones intelligents, et le premier BlackBerry ne serait pas lancé avant quelques années... Et encore, ce serait un téléavertisseur ! Dans un avis public publié en 1997, soit bien avant que les téléphones intelligents et les tablettes mobiles soient omniprésents, le CRTC écrivait :

« Les services VSD exigent trois éléments de base : une bibliothèque ou une installation de base comme un ou plusieurs serveurs vidéo, un service de navigation interactif et un système de distribution mis à niveau pour permettre la transmission de signaux numériques. Il y a en outre de nombreuses possibilités en ce qui concerne l’installation de serveurs à l’intérieur du système de distribution, la vitesse de transmission des émissions ainsi que le rôle individuel des distributeurs et des entreprises VSD au chapitre de la propriété des serveurs et de la conception des systèmes de navigation. »

En 1997, VSD était un terme que le CRTC utilisait dans le contexte de la vague prochaine de services de télévision à la carte. De nos jours, en 2012, époque où la consommation de vidéos sur de nouvelles chaînes de distribution est en croissance, « VSD » est de plus en plus utilisé dans un sens plus vaste, hors du contexte de la réglementation du CRTC, pour décrire toute vidéo accessible en tout temps, peu importe la plateforme.

Au printemps dernier, Ipsos MediaCT et Google rapportaient que les Canadiens étaient les plus importants consommateurs de vidéos en ligne, visionnant en moyenne huit vidéos par semaine. Les services de VSD réglementés en souffrent-ils ? Pas vraiment. En effet, quelques semaines après la publication du communiqué, le CRTC signalait que les revenus des services de VSDavaient augmenté de 36,7 % au cours des cinq dernières années (ce chiffre englobe également les services de télévision à la carte et de télévision payante), et ce, malgré l’établissement au Canada de Netflix, un service américain obtenu par contournement, qui, en moins de deux ans, a réussi à atteindre 10 % des ménages canadiens.

Il existe cinq catégories générales de vidéo sur demande, dont l’une est réglementée par le CRTC en raison du type de transmission du contenu par les systèmes de diffusion réglementés. Les autres catégories sont en grande partie non visées par la réglementation, car la transmission se fait par des systèmes qui ne sont pas considérés comme des systèmes de télédiffusion (à savoir, par des fournisseurs de services Internet ou des systèmes mobiles). Les services ayant des obligations réglementaires sont assujettis à l’Ordonnance de radiodiffusion CRTC 2012-409 (Modifications à l’Ordonnance d’exemption relative aux entreprises de radiodiffusion de nouveaux médias), car il s’agit d’entités dont certains services sont réglementés en vertu de la Loi sur la radiodiffusion.

Services de télédiffusion de VSD réglementés : « Chaînes » réglementées par le CRTC et offertes par le câble numérique, les systèmes de radiodiffusion par satellite ou la télévision par IP. Par exemple, The Movie Network On-Demand d’Astral est un exemple de service réglementé. Ces services sont assujettis au Règlement de 1990 sur la télévision payante (qui fait partie de la Loi sur la radiodiffusion) ainsi qu’aux mises à jour de 2010 du CRTC précisées dans le Cadre de réglementation visant les entreprises de vidéo sur demande établi dans la Politique réglementaire de radiodiffusion CRTC 2010-190.

Services par contournement : Les services par contournement (mieux connus sous le nom de services OTT) sont accessibles par divers moyens. Google TV et AppleTV sont des agrégateurs de contenus liés à des terminaux numériques exclusifs. Les distributeurs de contenu, comme Netflix et Hulu, sont accessibles sans applications précises, grâce à des applications déjà installées : logiciel téléchargé dans une console de jeu, préchargement dans un ensemble télé haute définition, applications mobiles téléchargeables ou diffusion en ligne. Les entreprises de distribution de radiodiffusion (EDR) canadiennes suivent un modèle similaire, par exemple, le système Illico de Vidéotron, accessible par terminal numérique, en ligne ou sur mobile. Anyplace TV de Rogers est distribué de la même façon que le service Illico, en plus d’être accessible par une application pour Xbox 360. Tous ces services sont généralement payants (frais d’abonnement ou droits d’accès), et le contenu est accessible sur de nombreuses plateformes  via des interfaces personnalisables.

Services de diffusion en ligne : Diffusion de vidéos accessibles par navigateur Web. Il peut s’agir de services de diffusion offerts par les entreprises canadiennes de câble ou de satellite, de sites Web diffusant des vidéos gérés par des télédiffuseurs canadiens (comme tou.tv au Canada français et cbc.ca au Canada anglais), de portails internationaux comme YouTube et Vimeo ou encore de sites Web mis en ligne par des créateurs de contenu indépendants (pour certaines webséries, par exemple). Ces services sont généralement gratuits, car ils sont financés par la publicité ou par les dons des amateurs.

Services de diffusion mobiles : De nombreuses applications vidéo mobiles sont simplement des interfaces (semblables à une interface Web), les vidéos étant tirés des serveurs par connexion Internet sans fil (wi-fi ou réseaux mobiles 3G). Beaucoup de services par contournement et de services Web offrent également du contenu sur applications mobiles, en plus des applications spécialisées payantes comme l’application TreehouseTV Video.

Contenu téléchargeable : Si les VHS, DVD et Blueray, les prédécesseurs des vidéos téléchargeables, ne sont pas considérés comme de la VSD, le fait de se connecter à iTunes et d’acheter une série télévisée modifie la propriété du contenu et en fait une forme de vidéo accessible sur demande. Par exemple, CTV offre Flashpoint et Showcase/Shaw Media offre Continuum sur iTunes.

L’accessibilité à la VSD et les plateformes de VSD se sont établies et ont gagné en maturité depuis que le CRTC a commencé à suivre le contenu réglementé il y a 15 ans. Toutefois, les observations qu’il a formulées à cette époque sur le choix du moment sont toujours vraies de nos jours :

« L’introduction des services VSD marque une étape importante dans l’évolution vers une radiodiffusion entièrement interactive, où le contrôle du contenu et de l’horaire de distribution est effectivement laissé entre les mains du consommateur. Les services VSD permettent aux consommateurs de choisir parmi un large éventail d’émissions et de les regarder au moment de leur choix. »

Les cinq modes de VSD que nous utilisons aujourd’hui continueront à évoluer, mus par la technologie, les modèles commerciaux et la demande des consommateurs, qui sont tous en constante mutation.


Sasha Boersma
En ses 15 ans de carrière dans les industries canadiennes du cinéma et de la télévision, Sasha Boersma a travaillé pour des studios de jeux, des producteurs télévisuels et des agences de financement ainsi que dans le milieu universitaire. Elle est productrice pour Sticky Brain Studios, qu’elle a cofondé, et travaille comme chargée de cours au Story Arts Centre du Collège Centennial.
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